France-Bélarus

Découverte du Bélarus (anciennement Biélorussie)

Chagall connu et inconnu / Galeries nationales du Grand Palais

11/06/2003

L’événement culturel de ce printemps sera sans nul doute cette exposition consacrée à Marc Chagall. Chagall est né en 1887 à Vitebsk, en Biélorussie. C’est en 1923 que Chagall quitte la Russie, pour s’installer en France. Son art magistral gardera toute sa vie la nostalgie de sa ville de Vitebsk et des paysages russes. Ces paysages peints dans des couleurs vives et jamais réalistes sont plutôt des représentations symboliques de la paix intérieure et de la sensibilité de leur auteur.

L’artiste produit aussi des œuvres poétiques et émouvantes, où les thèmes de la musique et du cirque tiennent une grande place. Il s’illustre dès 1922, dans la réalisation de gravures avec Mein Leben, un récit autobiographique, et produit aussi de nombreux cartons de vitraux pour la cathédrale de Metz par exemple, ou pour la synagogue de l’hôpital d’Hadassah à Jérusalem.

A travers cette exposition, c’est tout l’univers fascinant, lyrique et poétique de Chagall qui s’offre au visiteur : son style coloré, intemporel où les thèmes récurrents sont les souvenirs de Russie, son folklore et la vie urbaine et rurale, sa famille ou encore la tradition hébraïque.

Extraits du catalogue de l’exposition:

[…] Ses tableaux parisiens (son séjour durera de 1910 au début de 1914) deviendront parfois des tableaux cubistes, ou plus précisément traiteront de sujets chagalliens dans une manière vaguement cubiste. Car il est clair que le travail formel qu’entreprennent les « vrais » peintres cubistes est totalement étranger à Chagall, qui ne le comprend pas, et qui ne s’y intéresse pas. Le meilleur de son œuvre à ce moment est dans les évocations de la Russie (A la Russie, aux ânes et aux autres, dont le titre fut trouvé par Apollinaire, La Chambre jaune) dans les autoportraits (Autoportrait aux sept doigts) et dans ces tableaux qui évoquent le désir amoureux, avec une symbolique parfois brutale (Dédié à ma fiancée). Et il est vrai que les tableaux de ces années-là peuvent surprendre par un certain nombre d’audaces de composition. L’Autoportrait aux sept doigts par exemple porte en haut du tableau, à droite et à gauche, deux médaillons qui évoquent Vitebsk et Paris, comme pour signaler ce que l’artiste a en tête. Le procédé est sans doute emprunté aux icônes russes qui volontiers placent dans des cartels des scènes annexes à la scène principale. Il n’empêche : ce n’est pas l’usage dans la peinture occidentale de ce début de XXe siècle de rompre ainsi l’unité du tableau et en ce sens, Chagall, s’il n’innove pas sur le plan de la stricte représentation, innove au moins sur celui de la composition : au moment où les cubistes, en 1912, introduisent dans l’œuvre, par la technique du collage, des éléments étrangers à celle-ci, Chagall perturbe l’œuvre soit par détournement des codes (les personnages ont des têtes à l’envers ou ont des têtes d’animaux, les règles de la perspective sont bousculées), soit par transformation de la scène en multi-scène, soit enfin par introduction d’un sens métaphorique, voire allégorique. Cette singularité vaut à Chagall l’admiration de quelques uns des meilleurs critiques de l’époque, Apollinaire notamment, qui qualifiera la peinture de Chagall de « surnaturelle », anticipant ainsi le regard que les surréalistes porteront sur elle quelques années plus tard, en 1925.

A son retour en Russie, en 1914 (un séjour qui devait être bref mais que la déclaration de guerre transforma en retour durable), Chagall se retrouve dans une ville, Vitebsk, à laquelle il est certes profondément attaché, mais qui reste loin de l’activité artistique parisienne. Il se produira donc dans son œuvre une première rupture stylistique : les sujets (il nomme lui-même « documents » les cinquante à soixante peintures qu’il réalise entre 1914 et 1915) deviennent plus naturalistes : portraits de famille, de voisins, de personnages (dont de nombreux vieillards juifs), quelques paysages.

C’est à partir de 1917 que Chagall renoue avec une peinture plus expérimentale. Il y a d’abord des évocations de la vie à deux (il s’est marié avec Bella Rosenfeld en 1915) qui lui permettent de développer à nouveau une grande fantaisie (Bella au col blanc, La Promenade, Double portrait au verre de vin) et quelques paysages traversés par le souvenir du cubisme (La Maison grise, La Maison bleue, Le Cimetière). Les événements politiques de 1917 en Russie (à l’automne 1917, Chagall est à Moscou) ont sans doute une influence sur sa façon de travailler : ils lui apportent d’une part la citoyenneté russe à part entière, d’autre part une sorte de consécration puisque il est nommé Commissaire des Beaux-Arts pour Vitebsk avec la charge de créer un musée et une Académie des Beaux-Arts, et d’organiser des expositions. Directeur de cette académie, il fait venir entre autres Ivan Puni (Jean Pougny), El Lissitzky et surtout Malevitch.

L’émulation créée par ce rassemblement, à Vitebsk, d’artistes venus d’horizons très divers, pousse Chagall à expérimenter : les quelques travaux abstraits que l’on connaît de lui datent de cette période. Mais il se brouille assez vite avec Malevitch. Des raisons de personne, vraisemblablement (l’inventeur du suprématisme semble avoir été plutôt sectaire) mais aussi, beaucoup plus fondamentalement, des raisons esthétiques. Chagall ne peut ni ne veut renoncer à la figuration. Pour lui, l’art abstrait est l’art d’un monde sans Dieu.

Un tableau de 1917, L’Apparition, clôt d’une certaine façon cette période, en ce qu’il affirme, précisément, le caractère presque religieux de l’inspiration artistique. Cette œuvre procède, une fois de plus, par détournement, ici d’une Annonciation. Que l’ange Gabriel puisse avoir les traits de Bella, et que le peintre Chagall remplace la Vierge Marie ne fait qu’ajouter un sens profane à une scène dont le sens religieux subsiste fortement. Ce sens profane n’est que la translation métaphorique du sens religieux qui reste le sens premier du tableau : c’est Dieu qui donne à l’artiste son talent. / Jean-Michel Foray

Galeries nationales du Grand Palais
Entrée square Jean Perrin

75008 Paris
Ouvert tous les jours (sauf les mardis) de 10h à 20h (fermeture des caisses à 19h15), le mercredi de 10h à 22h (fermeture des caisses à 21h15)

Fermé le 1er mai.

Prix d’entrée:
– Entrée sur réservation de 10h à 13h : tarif plein : 10,1 euros, tarif réduit le lundi exclusivement : 8,1 euros
– Entrée sans réservation à partir de 13h : tarif plein : 9 euros, tarif réduit et lundi : 7 euros
– Gratuit pour les moins de 13 ans. Tarif réduit de 13 à 25 ans inclus.

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

La tour de Kamenets « Belaya vezha »

La tour de Kamenets « Belaya vezha »

La Tour de Kamenetskaya « Belaya vezha » est un splendide exemple de l’architecture militaire, avec une hauteur de 30 m et un diamètre de 13,6 m, elle est la copie parfaite d’une tour de jeu d’échecs.

Школа сыраробства PasterMilk

Школа сыраробства PasterMilk

Віншуем усіх сыравары і аматараў сыроў з адкрыццём Ecole PasterMilk. Школа Сыравараны пачала сваю працу і запрашае ўсіх хто хацеў бы атрымаць практычныя веды французскага сыраробства.

Le métro de Minsk parmi les moins chers d’Europe

Le métro de Minsk parmi les moins chers d’Europe

InInsider a classé les capitales les moins chères du continent sur la base du coût de base d’un tarif, ou de la durée minimale du trajet, entre deux gares de leur réseau de transports en commun. Minsk et Kiev se partagent la première place du classement.

Concert Paris-Minsk

Concert Paris-Minsk

Shuma, projet le plus populaire de la scène électronique biélorusse, aura l’honneur d’ouvrir la soirée musicale. Son clip « Clouds » est entré dans la short list du festival « Gulf of Naples Independent Film Festival ». Le concert « Minsk - Paris » sera également...

Au Bélarus, l’histoire oubliée des « enfants de France » rapatriés en URSS

Au Bélarus, l’histoire oubliée des « enfants de France » rapatriés en URSS

Quand elle a embarqué dans un bateau pour l’URSS il y a 70 ans, Ianina Statchko était loin de s’imaginer qu’elle ne reverrait plus son pays natal: la France. Cette retraitée de 88 ans vivant au Bélarus fait partie de ces « enfants de France », comme les a surnommés la presse bélarusse, emmenés par leurs parents qui avaient cru aux sirènes de la propagande soviétique et répondu à la vague de rapatriement lancée par Moscou.