La diaspora bélarusse, russe et ukrainienne était réunie aujourd’hui Place du Trocadéro à Paris pour dénoncer l’arrestation arbitraire du militant politique russe Alexeï Navalny et demander sa libération immédiate ainsi que celle de tous les prisonniers politiques en Russie et au Bélarus.
Les drapeaux bélarusse, russe et ukrainien flottaient ensemble parmi les slogans dénonçant les politiques répressives de Vladimir Poutine et d’Alexandre Loukachenko.
Parmi les manifestants, de nombreux jeunes de ces pays, des associations (Mémorial France, Amnesty International, belarusenfrance.fr qui regroupe des associations bélarusses en France, Russie-Libertés,…), des Français sympathisants et des personnalités politiques françaises, parmi lesquelles M. Jean-Luc Romero-Michel, adjoint à la Maire de Paris en charge des droits humains, de l’intégration et de la lutte contre les discriminations ainsi que M. Aleksander Glogowski, Permanent de la Fédération de Paris du Parti Socialiste s’exprimant au nom d’Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti socialiste. Tous deux ont rappelé que de nombreuses forces politiques françaises soutiennent les actions des manifestants.
Les brosses à WC brandies par des manifestants sont une référence à l’enquête publiée par Navalny sur YouTube (68M de vues depuis mardi), accusant Poutine de s’être bâti un palais d’un luxe inouï sur la mer Noire, évoquant une brosse à WC à presque 10.000€ pièce !
Les caleçons brandis par les manifestants évoquent l’empoisonnement de Navalny au Novitchok. Alexeï Navalny a affirmé avoir piégé au téléphone un agent des services de sécurité russes (FSB) pour lui faire admettre qu’il avait bien été la victime d’un empoisonnement cet été en Sibérie. L’agent aurait révélé comment il avait été empoisonné via ses sous-vêtements. « Par l’intérieur de son caleçon, par l’entrejambe », a répondu froidement M. Koudriavtsev. Les toxicologues avaient déjà avancé que le poison, sous sa forme granulaire, pouvait pénétrer la peau quand la victime se mettait à transpirer.
RUSSIE
Alexeï Navalny
Célèbre opposant politique russe, Alexeï Navalny a été arrêté par les autorités russes à l’aéroport de Moscou dimanche 17 janvier. Il revenait de cinq mois passés en Allemagne où il avait été soigné suite à un empoisonnement. À peine arrivé en Russie, Alexeï Navalny était déjà arrêté. Une arrestation motivée politiquement. Les autorités ne cherchent qu’une chose : le réduire au silence. La justice russe a décidé de le maintenir en détention provisoire pour 30 jours dans l’attente d’un procès. Il risque une peine de 3,5 ans de prison !
Azat Miftakhov
Etudiant diplômé de la Faculté de mécanique et de mathématiques de l’Université d’État de Moscou, Azat Miftakhov a été arrêté le 1er février 2019 pour suspicion de fabrication d’un engin explosif improvisé découvert le 11 janvier 2018 à Balashikha près de Moscou. Dix autres militants de gauche ont ensuite été perquisitionnés et interpellés, mais tous, à l’exception de Miftakhov, ont été libérés le jour même. Il a été placé dans un centre de détention provisoire. Miftakhov a déclaré à son avocat que dans les locaux de la police, il avait été battu, torturé avec un tournevis (les marques sur son corps ont été confirmées par une ONG et par sa défense) et menacé de subir des violences sexuelles. Le 7 février 2019, Miftakhov a été libéré et arrêté le même jour, cette fois-ci dans une nouvelle affaire de hooliganisme. Selon les enquêteurs, il était l’une des six personnes qui, le 31 janvier 2018, ont brisé une vitre dans un bureau de Russie unie au nord de Moscou et lancé une bombe fumigène à l’intérieur. Le 18 janvier, le tribunal Golovinsky de Moscou a condamné Azat Miftakhov, étudiant diplômé du MGOu à six ans de régime général.
Ces deux noms s’ajoutent à la longue liste des personnes actuellement détenues ou poursuivies pour des raisons politiques en Russie.
BELARUS
Près de cinq mois après l’élection présidentielle bélarusse du 9 août 2020, non reconnue par l’Union européenne et les États-Unis, des milliers de Biélorusses défilent pacifiquement, chaque dimanche. L’ONG Viasna-96 recensait 167 prisonniers politiques au 9 décembre dernier. Parmi eux, la journaliste Katerina Borisevitch, du site Tut.by, interpellée fin novembre avec l’anesthésiste Artiom Sorokine, pour « divulgation de secret médical ». Tous deux risquent la prison pour avoir révélé un mensonge d’État au sujet de Roman Bondarenko, un opposant de 31 ans décédé le 11 novembre après un séjour en cellule. En publiant l’analyse prouvant que le jeune homme n’avait pas d’alcool dans le sang, ils ont démoli la version officielle, qui affirmait qu’il était soûl.
Maxime Paulyshchyk, 26 ans, et Vladislav Hulis, 25 ans, ont écopé le 8 décembre de deux ans de prison pour « hooliganisme ». Leur crime ? Avoir écrit sur le trottoir « nous n’oublierons pas », à l’endroit où un premier manifestant, Alyaksandr Taraykouski, 34 ans, avait été tué par la police le 10 août. Là aussi, le régime a rendu la victime responsable de sa propre mort, en prétendant que Taraykouski avait succombé à l’explosion d’un engin qu’il transportait. Or les films de plusieurs témoins montrent le jeune homme mains nues face aux policiers, fauché par une de leurs balles.
Ihar Losik est un journaliste, blogueur, et fondateur de la célèbre chaîne de messagerie Télégram Belamova (« Belarus golovnogo mozga »). Le 25 juin 2020, Ihar a été arrêté. A partir de là, il a déjà été inculpé de trois chefs d’accusations criminels en vertu d’articles politiques fantasques. Le 15 décembre, refusant de supporter l’absence de droit, Ihar Losik a entamé une grève de la faim. Aujourd’hui, il est en grève de la faim depuis 35 jours. Depuis tout ce temps, les médecins indépendants et les défenseurs des droits de l’homme ne sont pas autorisés à le voir et il est limité dans le droit de correspondre, de communiquer avec ses avocats et ses proches.
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