Dans son message de Nouvel an, l’autoritaire président Alexandre Loukachenko, a prévenu les Bélarusses qu’ils faisaient désormais face ‘à de nouvelles réalités économiques’ et devaient économiser.
La hausse du prix du gaz russe livré au Bélarus et la décision de Moscou de taxer ses exportations du pétrole vers Minsk sonnent le glas du ‘miracle économique’ dans cette ex-république soviétique isolée sur la scène internationale mais jusqu’à présent subventionnée par la Russie. Après les dernières décisions de Moscou, le soi-disant miracle économique bélarusse va s’effondrer.
M. Loukachenko a aussi dénoncé « les tendances anti-bélarusses de certaines structures dirigeantes » russes qui tentent, selon lui, de « briser le Bélarus économiquement et politiquement ».
L’économie du Bélarus a enregistré en 2005 une croissance de 9,2% par rapport à 2004 et une hausse de la production industrielle de 10,4%, des succès dus à l’aide de Moscou, selon la Banque mondiale.
Après le doublement de sa facture gazière, le Bélarus devrait « trouver des réserves pour développer son économie », estime le Premier ministre bélarusse Sergueï Sidorski.
Aux termes d’un accord conclu deux minutes avant le Nouvel an entre Moscou et Minsk, le Bélarus va payer 100 dollars les 1.000 m3 de gaz à partir de 2007 et cédera à Gazprom 50% de Beltransgaz, maître d’oeuvre du réseau de gazoducs bélarusses.
« Des conditions désavantageuses », selon M. Sidorski alors que le Bélarus recevait du gaz russe au meilleur tarif, à moins de 50 dollars les 1.000 m3 contre 230 au prix du marché.
Les entreprises bélarusses vont subir des pertes, certaines ne pourront plus payer les salaires, assurer la protection sociale et poursuivre les projets d’investissement.
Outre le doublement du prix du gaz, Moscou a porté un autre coup dur à l’économie de son voisin annonçant en décembre que ses exportations de pétrole vers le Bélarus seraient taxées à partir de 2007 à hauteur de 180 dollars la tonne, comme pour les autres pays.
La revente en Europe, au prix fort, d’une partie de ce pétrole représentait une manne financière importante pour Minsk d’environ 2 milliards de dollars par an.
Conséquence de la décision de Moscou, le principal holding pétrochimique public bélarusse Belneftekhim a annoncé le 30 décembre qu’il renonçait au pétrole russe et suspendait de facto ses activités.
Lundi, le Premier ministre bélarusse Sergueï Sidorski a fait part de son intention de rencontrer dans les prochains jours son homologue russe Mikhaïl Fradkov pour tenter d’obtenir une suppression de ces droits de douane.
Jusqu’à présent, Loukachenko marchandait à Moscou des conditions économiques profitables. Finalement il a été forcé de céder la moitié de Beltransgaz, l’actif national le plus précieux. L’intégration entre la Russie et le Bélarus va s’arrêter cédant la place à des relations économiques pragmatiques. Des réformes et une libéralisation sont indispensables au Bélarus dont l’économie a peu évolué par rapport à l’époque soviétique, mais « il est peu probable que Loukachenko, taxé de dernier dictateur de l’Europe par Washington, l’accepte parce que de tels changements menaceraient sa popularité.
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